« Le Pleurer-rire » d’Henri Lopes : plus qu’une satire !

Paru en 1982, «Le Pleurer-rire» est un classique de la littérature africaine. Henri Lopes y fustige violemment les régimes dictatoriaux et leurs inévitables déboires.

Henri Lopes est congolais. Né en 1937 à Kinshasa, il a d'abord enseigné, puis occupé de hautes fonctions politiques dans son pays et en France. Il a publié un recueil de nouvelles, Tribaliques (Grand Prix Littéraire de l'Afrique Noire), et sept romans.

Le titre « Le Pleurer-rire » se justifie par une charge d’ironie et d’humour. Mêlant grâce et trivialité, fiction et réalité, citations et parodie, l’auteur tente de renouveler l’écriture romanesque qui devient, ici, le lieu où diverses formes de langage s’engendrent les unes les autres, s’entrecroisent, s’éclairent, ou se heurtent et finalement s’enchaînent dans un mouvement continu.

Tonton Hannibal-Ideloy Bwakamabé Na Sakkadé, l’acteur principal, est un ancien baroudeur devenu Président de la République à la faveur d’un coup d «État. Il exerce alors un pouvoir illimité.

Ce roman explore la problématique du pouvoir. En effet, après les indépendances, c’est la classe politique africaine, tenue responsable du chaos ambiant, qui devient la cible privilégiée des écrivains. Au centre de cette contestation littéraire postcoloniale, la figure du tyran. Cruel et bouffon sanguinaire, il est la caricature des Bokassa, des Idi Amin Dada, des Mobutu et autres Eyadéma qui avaient pris le pouvoir à travers le continent dans les années qui ont suivi l’indépendance.

Le Pleurer-Rire s’inscrit dans cette littérature centrée sur la représentation du pouvoir totalitaire. Le roman brosse le portrait du tonitruant « Tonton Hannibal-Ideloy Bwakamabé Na Sakkadé » qui exerce sur son peuple une dictature atroce. Son nom est tout un programme, qui suggère la domination politique ainsi que la domination sexuelle. La violence verbale qui perce au détour de chaque page n’a d’égal que le tragique des situations et des événements qui y sont décrits. À coups de parodies et de dérisions cinglantes, le romancier démonte le mécanisme de ce pouvoir totalitaire, capable de pires excès.

« Le Pleurer-rire » est un incontournable de la littérature Africaine car sa thématique est encore d’actualité.

Par Théophile MONE