Les obligations spéciales de politesse dans la tradition moaga
- theomone
- 26 oct. 2022
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Le langage et les concepts du savoir-vivre sous toutes ses formes sont autant de faits valorisés par les humanistes, les anthropologues et les comparatistes littéraires au fil des siècles. La «civilité» apparaît d’ailleurs chez Aristote, venant de «civilitas, civilis» (sociable, bienveillant, doux, poli) et exige la «grâce». C’est l’expression suprême d’un idéal à la fois politique, social, moral et esthétique représenté pour les Grecs par la notion de douceur. La politesse a servi de structure à la civilisation et à l’interculturel. La politesse, en tant qu’expression de la bienséance et du savoir-vivre, règle encore les pratiques d’interactions sociales et sert de structure aux multiples civilisations. Dans la société moaga et dans bien d’autres, la politesse a connu une histoire et se présente sous plusieurs formes en fonction des circonstances. Sa pratique dans divers domaines de la vie sociale est faite de formules précises.

La politesse vient du latin politus qui signifie uni, lisse, brillant. Elle regroupe un ensemble de comportements sociaux entre individus visant à exprimer la reconnaissance d’autrui et à être traité en tant que personne ayant des sentiments. Son objectif est de «concilier l’homme avec l’homme, en vue d’une communauté de langage et de vie».
Pour Montaigne «La politesse est une qualité plus rare et plus exquise, elle tient non seulement aux manières affichées, mais aussi à la finesse de l’intelligence et à la délicatesse de la cour, elle suppose la synthèse de la nature et de l’art, elle est une réussite qui a toujours un caractère individuel».
Dans la tradition moaga, il existe des obligations spéciales de politesse. En voici quelques-unes.
Les visites aux beaux-parents
Elles sont obligatoires lors d’un décès, le jour même ou après. Elles permettent d’exprimer à la belle-famille la compassion et la solidarité. La visite régulière aux beaux-parents permet d’entretenir la bonne entente. Souvent, certains ménages, hier comme aujourd’hui, sont en difficultés parce que le mari n’a plus rendu visite à ses beaux-parents depuis des années. Egalement, lors de funérailles ou «kuuré». Vous pouvez y aller personnellement ou vous faire représenter. Ce sont des occasions rares de prouver que vous chantez la même chanson et que les liens sont indéfectibles. Lors de ces événements traditionnels, toutes les filles du buudu (famille) doivent être présentes. La fille aînée doit d’ailleurs coutumièrement donner la chèvre à immoler.
Lors d’un malheur ou d’un incendie, il est recommandé d’aller saluer l’infortuné «né toogho» en apportant une natte, un dag-noré,…
Malheureusement, ces réflexes combien utiles sont en train de disparaître avec le modernisme. Il est des gens qui pensent qu’il suffit de faire étalage de leur richesse pour avoir la considération sociale. Oui, l’argent peut attirer les gens vers vous, mais pas le sincère respect. La politesse, elle, est une forme de diplomatie qui peut vous ouvrir les portes inimaginables.
Par Théophile MONE
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