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Liquidation massive de parcelles au Burkina: une poudrière sociale

Les détournements de parcelles au Burkina Faso dont les enquêtes parlementaires ont fait cas prouvent qu’il faut mettre de l’ordre dans la gestion des collectivités territoriales, notamment des lotissements et combattre vigoureusement l’impunité. Sept années après l'enquête rien n'a bougé. Pourtant si rien n’est fait pour gérer ce dossier brulant de la braderie des parcelles dans notre pays, la paix sociale sera un leurre.

Le 13 octobre 2016, soit 7 ans déjà, l’enquête parlementaire sur le foncier menée dans 15 communes du pays révélait que 105 408 parcelles ont été irrégulièrement attribuées ou illégalement occupées. Au niveau de la promotion immobilière, il est ressorti que plus de 10 300 parcelles ont été spoliés à l’Etat et revendues à des prix spéculatifs. Au niveau des lotissements, il y a, entre autres, les cas de morcèlements irréguliers d’espaces verts, de terrains de sport et de marchés. Ainsi, à Ouagadougou des anciens maires se sont vu attribuer plus de 500 parcelles. Des personnalités politiques sont aussi impliquées, selon le président de la commission. Il s’agit de l’ancien président Blaise Compaoré qui s’est vu attribuer 113 parcelles, son frère François Compaoré, 22 parcelles. Et toutes ces attributions ont été faites en violation flagrante de la loi.

En somme, preuves suffisantes à l’appui, plusieurs cas d’irrégularités dans les différentes opérations foncières de 1995 à 2015 ont été notifiés dans le rapport. Légitimement le peuple attend donc de récupérer ce qui lui a été volé.


Au Burkina Faso la gestion du foncier laisse à désirer. Et alors que l'enquête parlementaire avait donné espoir aux Burkinabè en 2016, 7 ans après, c'est le statu quo. Inquiétant!

Les résultats ahurissants auxquels les députés sont parvenus nous enseignent qu’il y a eu violation des textes en matière de gestion des lotissements puisque de hautes personnalités de l'Etat sont impliquées. Même si elles ne les avaient pas demandées, elles ne les avaient pas refusées non plus. Preuve qu’il y avait complicité entre les poids lourds et les poids légers. Pour se couvrir, les maires devaient partager leurs trouvailles (imaginations fertiles) avec leurs supérieurs hiérarchiques. La dérive venait du sommet. Personne, au bas de l’échelle, ne pouvait s’arroger le droit d’agir sans autorisation préalable des décideurs. Ainsi, l’opinion publique savait qu’il y avait de gros bonnets de la république qui se sucraient sur le dos des honnêtes citoyens. Mais on n’en avait pas la preuve. Maintenant, c’est clair comme l’eau de roche. Grands comme petits, tous aimaient prendre ce qui ne leur appartenait pas.

Autre leçon importante: dans la faune politique burkinabè, les grands n’étaient jamais responsables de quoi que ce soit. Même quand leurs responsabilités étaient clairement établies, ce sont plutôt les «petits» qui payaient le prix fort. Il suffit de prendre l’exemple sur les dossiers sensibles (Thomas Sankara, David Ouédraogo, Norbert Zongo,…). Les grands ordonnaient toujours et les petits exécutaient simplement. Mais quand vient l’heure de rendre des comptes, ce sont les plus faibles qui répondaient à la place des plus forts, politiquement parlant. Comme dirait l’artiste ivoirien, «les moutons se promènent ensemble mais ils n’ont pas le même prix».


Les résultats de l'enquête parlementaire ont-ils été étouffés? That is the question.

Ce qui fait mal aux Burkinabè c’est que les résultats et les recommandations de cette enquête historique sont restés dans les tiroirs. Rien n’est fait pour désamorcer cette bombe sociale. Certes, le terrorisme et ses méfaits ont mis en standby ce grave phénomène ; mais si les plus hautes autorités n’anticipent pas par des solutions idoines concertées, nous vivrons tôt ou tard un autre terrorisme lié à la gestion du foncier. « Dura lex, sed lex ! La loi est dure, mais c’est la loi », disent les Latins. En effet, elle s'impose dans toute sa rigueur. Ainsi si la responsabilité d’un politique ou d’un haut responsable est établie, quel que soit son rang, il doit être sanctionné conformément à la loi en vigueur.

Mais sept ans après l’enquête des questions légitimes fusent de toute part : cette enquête parlementaire en valait la peine si c'était juste pour nous donner de faux espoirs? Très couteuse au contribuable n’a-t-elle pas été étouffée par les gourous indexés ? Notre justice lui a-t-elle accordée une vraie importance ?

Pour sûr, les résultats de cette enquête avaient nourri l’espoir que désormais au Burkina Faso, toute personne complice d’une supercherie d’hier ou d’aujourd’hui et même dans le futur finira par la payer. Mais le constat amer est que demain n’est pas la veille ! Le Burkina Faso est toujours à la recherche de son intégrité; et les recommandations de l'enquête d'être mises en œuvre. Alors ne nous étonnons pas que le jugement de l’histoire soit implacable à notre égard. A bon entendeur, salut.

Par Théophile MONE

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