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Un si beau diplôme, de la Burundaise Scholastique Mukasonga

Comment sauver son enfant d’une mort certaine? Faut-il, comme le croit le père de l’auteure, faire confiance à l’école afin qu’elle obtienne un «beau diplôme»? Ainsi, elle ne serait plus ni Hutu ni Tutsi : elle atteindrait le statut inviolable des «évolués».

C’est justement pour obtenir ce certificat que l’auteure, Scholastique Mukasonga, sera obligée de prendre le chemin de l’exil. Elle passera de pays en pays, au Burundi, à Djibouti puis en France. Tantôt les chances que lui promettait ce précieux papier apparaissent comme une certitude, tantôt elles se volatilisent tel un mirage. Comme le lui avait dit son père, ce «beau diplôme» sera le talisman, toujours source d’énergie, qui lui permettra de surmonter désespérance, désillusions et déconvenues.

L’auteur revient ici à la veine autobiographique, avec ce style fluide, plein d’humour et de fantaisie qui rend passionnant le récit de ses souvenirs, si douloureux soient-ils parfois.


La romancière Scholastique Mukasonga

Par ce récit autobiographique, Scholastique Mukasonga retrace les difficultés qu’elle a rencontrées pour obtenir son diplôme d’assistante sociale: son défi n’est nullement d’ordre intellectuel, mais il relève de son état d’exilée qui lui a valu de constantes rebuffades.

Tout au long de son parcours, elle fait preuve d’une obstination remarquable. En 1973, obligée de quitter Kigali pour le Burundi, la narratrice a la chance d’être admise dans une école qui, enfin, lui décerne le diplôme dont elle rêvait. Cependant, l’expérience de ces années a peu à voir avec le bonheur et la liberté passés: elle est confrontée à la dure épreuve de l’intégration que son entourage, pas plus que les événements, ne facilitent pas.

Mais les vraies difficultés surgissent après cette réussite: sans la nationalité burundaise, la narratrice ne peut pas se faire attribuer de travail. Grâce à des bonnes volontés individuelles, elle trouve tout de même l’occasion d’exercer sa profession pendant cinq ans dans les collines de la région de Gitega. C’est là qu’elle rencontre son futur mari, coopérant français pour le ministère de la Culture. La narratrice arrête alors de travailler pour élever ses deux enfants, puis suit son mari à Djibouti, finalement en France; autant de lieux où, pour des raisons toujours administratives, elle ne pourra travailler véritablement. C’est seulement en 1993 qu’elle parvient à reprendre ses études, à l’orée de ses quarante ans, et à obtenir, une deuxième fois, le si précieux diplôme.

Le récit est centré sur la condition féminine en Afrique et, surtout, sur le thème de l’exil: en tant que Tutsi, la narratrice a toujours été étrangère dans son pays, au Burundi elle est une exilée et, partout ailleurs, au fond, elle sera une apatride. Néanmoins, elle se bat avec une pugnacité rare. La quête et le triomphe individuel aussi font l’objet d’un questionnement : suite au massacre de son peuple, la narratrice s’interroge sur la vanité des combats individuels face à l’Histoire.

Par Théophile MONE

 
 
 

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